Legal! Mon histoire d'amour avec la musique brésilienne
Le portugais brésilien: langue qui rend horny
Il y a plusieurs vies, je me suis inscrite à des cours de portugais brésilien. Pourquoi? Par amour. Rien de moins. Apprendre une langue c’est aussi apprendre une culture et je voulais en savoir plus sur son héritage culturel.
Pour me pratiquer, je m’amusais à imprimer des paroles de chansons brésiliennes trouvées sur internet (ce qui témoigne de mes skills de recherche, puisqu’en 2002, internet était un fucking fouilli), pour ensuite les traduire en français à l’aide de mon dictionnaire et de ma grammaire portugaise. Ça m’a aussi permis de raffiner mon accent et ma prononciation.
Le résultat 20 ans plus tard? J’ai 100% oublié mes leçons de portugais, mais je connais par coeur, à l’endroit et à l’envers certains classiques brésiliens. Quand j’entends les premiers accords de Aguas de Março (Les Eaux de mars), mon cerveau syntonise le canal «Brasil» (prononcer BrrrraZIOU!) de ma mémoire et toutes les paroles me reviennent instantanément. C’est aussi un cool party trick de karaoké.
Si mon histoire d’amour s’est terminée il y a longtemps, je suis toujours amoureuse du portugais brésilien. C’est une langue humid, liquide, qui vibre et qui coule. C’est une langue à la fois directe et lyrique et surtout, c’est une langue horny. Quelqu’un peut me réciter le bottin téléphonique en portugais brésilien à l’oreille et je deviens férale.
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Pendant la pandémie, je me suis aventurée un peu plus loin dans mon exploration musicale brésilienne et j’ai fait de cool découvertes.
Je me suis dit que cette semaine, je prendrais un peu de temps pour partager avec vous mes chansons et artistes brésilien·nes favori·tes.
À savoir: je ne prétends pas du tout être experte en Brésil ou en musique brésilienne. Quand j’ai un hyper-intérêt, les connaissances que j’acquiers sont guidées uniquement par ma curiosité. Ce n’est pas quelque chose que j’étudie de façon systématique. C’est une des rares occasion où je peux laisser mon cerveau errer sans structure. Cependant, si vous avez des suggestions d’artistes à découvrir, je suis toute ouïe!
Aguas de março
Toujours aussi obsédée par cette chanson de Tom Jobim. C’est une longue énumération d’images propres et figurées, sur une musique répétitive, et ça se chante comme une sorte de mantra. Ça parle de travaux manuels, du cycle des saisons, de frustrations et d’espoir.
J’aime la version classique chantée en duo avec Elis Regina.
J’aime aussi la version en français de Georges Moustaki.
Et il y a cette version complètement space de Marisa Monte et David Byrne que je rêve de reprendre un jour:
Et aussi, j’aime cette version trilingue de Monica Freire, Ariane Moffatt et Coral Egan
De noite na cama
Cette chanson de Caetano Veloso m’a d’abord été révélée via la version live de Marisa Monte:
Mais pendant la pandémie, j’ai découvert la version d’Erasmo Carlos, qui me fait beaucoup rire parce qu’elle sonne un peu stoner.
Sérgio Mendes et Brasil 66
J’ai du mal à expliquer pourquoi, mais pour moi Sérgio Mendes est un peu comme le Phil Spector brésilien (sans le côté creepy et meurtrier). C’est peut-être parce qu’il a réussi à «brésilianiser» la pop internationale des sixties ET à donner aux standards bossa nova une teinte pop distinctive. Il a repris les Beatles, Otis Redding, Jorge Bem et plusieurs autres. Vous le connaissez sans doute via Mais que Nada, mais ma chanson préférée de lui, c’est sa version de Pais Tropical. Le mini-riff de guitare porn dans le drop me gratte le cerveau à la bonne place:
Sonho meu
De toutes les chansons brésiliennes que je connais, Sonho Meu (Mon rêve) a les plus jolies paroles. C’est une des premières chansons que j’ai traduites. Écrite par Dona Ivone Lara et Délcio Carvalho, elle exprime la tristesse d’être loin de l’être aimé, et comment cet amour survit dans les rêves du/de la narrateur·ice.
Si la chanson a été popularisée par Maria Bethânia et Gal Gosta, c’est à la version de Bïa que je suis le plus attachée:
Tim Maïa
Il y a 20 ans, le cinéma brésilien a produit des films particulièrement marquants. Je me souviens de Central do Brasil, de Walter Salles, qui m’avait beaucoup touchée. Puis, il y eut Cidade de Deus, sorti en 2002, et qui a connu un succès retentissant.
Parenthèse
Je l’ai réécouté récemment et ce film est toujours aussi puissant. Il m’est resté dans le corps plusieurs jours, d’une part à cause de sa violence extrême, de l’autre parce que je suis restée soufflée par la maîtrise du réalisateur Fernando Mereilles et de la réalisatrice Katia Lund, qui ont su faire cohabiter humour et violence en parfait équilibre, par le traitement extrêmement dynamique du storytelling et par la qualité du jeu des acteurs.
Dans la trame sonore du film, une chanson m’a immédiatement accrochée: O Caminho Do Bem (Le Chemin du Bien), de Tim Maïa.
Des années plus tard, j’en ai appris un peu plus sur le rôle marquant que Tim Maïa a joué dans l’histoire du soul, du funk et du jazz brésilien.
Plus récemment, sa chanson Do Leme Ao Pontal a eu un moment viral sur Tiktok et avec raison, c’est 3 minutes et 12 secondes de pur feel good.
Au plus sombre de mon humeur pendant le confinement d’hiver 2021, l’album sur lequel on trouve ces deux chansons m’a gardée à flot. Je vous le recommande, en particulier un samedi matin après un wake & bake et un déjeuner de trucker:
Gente Aberta
J’ai mentionné Erasmo Carlos un peu plus haut, une autre découverte récente. Quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois j’ai lévité. Puis, j’ai été frue qu’elle ne dure pas plus longtemps.
Pendant un an, j’ai écouté cette chanson tous les jours. Puis, le 22 novembre 2022, j’apprenais le décès d’Erasmo. Une semaine plus tard, mon Spotify Wrap m’informait que Gente Aberta était ma chanson la plus jouée de l’année. Je l’écoute encore presque tous les jours.
«Gente Aberta», ça veut dire «personnes ouvertes». Dans la chanson, Erasmo raconte qu’il préfère les gens ouverts, qui avancent, qui regardent les choses avec amour. Je l’interprète un peu comme s’il racontait qu’il avait eu un genre d’épiphanie et qu’il avait décidé que désormais il ne laisserait entrer dans sa vie que les personnes qui s’ouvrent à la vie, qui sont curieuses, qui aiment, qui disent oui. Une belle leçon à laisser en héritage.
C’est tout pour cette semaine! J’ai encore plein de chansons brésiliennes à partager avec vous, alors je vous préparerai une seconde partie bientôt! D’ici-là, fiquem bem e até à próxima quinta-feira!
Notes de frigo
Je suis en train d’élaborer une série thématique d’entrevues et je me demandais si vous aviez une préférence de format. Aimeriez-vous des entrevues en format audio ou bien vidéo?