Drama indien, nostalgie et toujours toujours des cottages dans la campagne anglaise
Aussi: la médaille d'or du geste féministe le plus baveux de 2024
Je ne vous mens pas, il est actuellement 20h19 et je suis au lit complètement crevée. Pourquoi pensez-vous que je suis-je aussi fatiguée? La vieillesse? Le surmenage? Le party tous les soirs? Que nenni, fam. Que nenni.
J’attribue cette fatigue à deux facteurs:
Les feux d’artifices de La Ronde: assembler des playlistes personnalisées pour chaque spectacle me passionne et j’attends toujours avec fébrilité le moment de monter sur ma terrasse avec mon tout petit haut-parleur et laisser la magie opérer. Le seul hic c’est que les feux débutent à 22h et que c’est waaaaaaay past my bedtime de petite madame, ce qui a complètement déphasé mon cycle de sommeil, fragile comme un humoriste cancellé.
Une série Netflix épique dont je vous parle plus bas
Rapide survol de ce qui me garde éveillée ces temps-ci.
Maintenant tu peux t’en aller!
Sur repeat à l’infini. Je connaissais I Only Want to Be With You, la version originale de Dusty Springfield et celle de mon premier crush féminin, Samantha Fox (lol), mais la version en espagnol du beau Luis Miguel est juste trop bonne. On y trouve de joyeux solos de saxophone qui me rappelle mes meilleurs étés d’enfance dans les années 80. Et en plus, les paroles de la version de Luis racontent une toute autre histoire. Ce n’est plus une déclaration d’amour, c’est une déclaration d’indépendance, un véritable burn pour son ex qui joue avec ses sentiments. À écouter pour danser dans le salon, faire le ménage le samedi matin (précisément le samedi matin) ou si vous venez de larguer votre fuck boy.
Heeramandi: the Diamond Bazaar
La voilà, cette série Netflix que j’ai inhalée en trois nuits cette semaine, détruisant ainsi mon fragile cycle de sommeil. Si vous cherchez une série qui serait un mélange de Moulin Rouge et Bridgerton, mais version Bollywood révolutionnaire, c’est exactement ce qu’il vous faut.
C’est une série indienne de 8 épisodes (on vient d’annoncer une saison 2, ouiiiiiiii) qui raconte les rivalités entre des courtisanes (des tawaifs) du quartier Heera Mandi dans la ville fortifiée de Lahore (aujourd’hui au Pakistan), dans les années 40, avec en toile de fond les débuts de la révolution anti-coloniale qui mènera à l’indépendance de l’Inde.
Il y a tout ce qu’on aime: du drama de première qualité, un cadre historique, des costumes exquis, des décors à couper le souffle, des personnages de femmes multifacettes, complexes et moralement ambigües, une histoire d’amour tragique, une histoire de vengeance tragique et des rebondissements par douzaines.
Un détail que j’ai constaté: TOUS les personnages britanniques, sans exception, sont des monstres absolus, des assholes diaboliques et il n’y en a pas un qui est redeemed. Dans les oeuvres de fiction occidentales modernes, on présente souvent le colonialisme comme un système malheureux, certes, mais plus grand que soi, sous lequel les individus appartenant au groupe oppresseur sont épargnés de responsabilité (not all colonizers). Dans cette production indienne, l’Empire britannique et CHACUN des individus qui le représentent portent la responsabilité des horreurs commises ET en paient le prix. Rafraîchissant!
Sodade des années 2000
Ces temps-ci sur Tiktok, les GenZ se sont mis à réécouter l’album Come Away With Me de Norah Jones et dans un grand élan de nostalgie, ils se sont mis à partager des moments très précis de cette époque au son de la chanson Don’t Know Why. «C’est vrai que c’était donc bon du Norah Jones!», me suis-je exclamée telle une matante, me remémorant cette même époque où, début vingtaine, j’allais bouquiner au Chapters sur Sainte-Catherine avec cette chanson dans les oreilles via mon Discman, café à la main, avec le feeling d’être une jeune femme indépendante qui vit sa vie dans la grande ville.
Dans la même veine de nostalgie, je me souviens du succès retentissant de Cesaria Evora, la diva aux pieds nus, alors que j’habitais à Québec dans les années 90. Je sais que le FEQ a beaucoup changé depuis, mais pour moi, il va toujours y avoir des relents de musique du monde associés à ce festival. J’écoute Sodade et je me revois travailler au milieu des touristes dans le Petit Champlain en plein été.
Si un jour je gagne à la loterie,
Je ne le dirai à personne, mais il y aura des signes. Parmi ces signes, on me retrouvera sans doute dans la playliste YouTube Design Notes du magazine House & Garden, en train de faire visiter mon cottage historique dans le Devonshire ou les Cotswolds, décoré avec soin, et où je parle des divers tissus avec lesquels j’ai fait fabriquer mes rideaux de salle de lavage.
De plus, mon cottage deviendra une retraite créative pour mes amis artistes, où ils pourront venir se reposer dans la nature et écrire, créer, penser, imaginer dans le calme et la beauté, un peu comme la résidence Charleston, que je rêve de visiter et qui se trouve sur ma bucket liste depuis toujours. C’était la maison et le studio des peintres Vanessa Bell (grande soeur de Virginia Woolf) et Duncan Grant. Ils y ont accueilli leurs amis artistes-auteurs-philosophes-critiques, membres du Bloomsbury Group, et la maison est devenu un pôle de réflexion et de création moderne.
Je capote sur la décoration de cette maison.
Stoner hottie
Je pense souvent à Paul Newman (qui me le reprocherait?) et à son t-shirt de stoner «Get really stoned. Drink wet cement.»
Parlant de stoners et de beauté
J’ai découvert cette marque de produits pour stoners, Yew Yew. J’aime beaucoup le petit bong et l’étui pour joints et briquet. Je pense que Paul Newman les aurait aimés et les aurait achetés, en vert.
Petits pots
J'ai suivi un atelier d’introduction à la poterie au tour, donné chez Les Faiseurs, dans la petite Italie. Je ne savais pas que le tour était aussi rough physiquement: je suis rackée à des places que je savais pas que je pouvais être rackée. Mais 2h30, c’était pas assez pour moi, ça m’a donné envie d’explorer encore plus cette pratique.
Et la médaille d’or catégorie Féminisme baveux est remise à
Kirsha Kaechele, artiste tasmanienne. Son exposition au MONA (Museum of Old and New Art en Tasmanie) intitulée Ladies Lounge, comprenait une grande diversité d’oeuvres, dont certaines de Picasso et Sidney Nolan et était exclusivement réservée aux femmes, c’est à dire que les hommes n’y avaient pas accès. Les personnes ayant au minimum une once d’empathie et de conscience sociale auront deviné le message derrière cette consigne ainsi que la réflexion que souhaite provoquer l’artiste, qu’on soit d’accord ou pas avec. Hélas (ou heureusement pour l’artiste) un homme dépourvu de ces deux qualités l’a pris 100000% personnel et a poursuivi le musée en cour pour chigner. Le tribunal a jugé en faveur du monsieur, demandant au musée de rendre l’exposition accessible à tous. Le Musée a porté le jugement en appel et en attendant, Mme Kaechele a trouvé un moyen de contourner la décision en installant l’exposition… dans la toilette des femmes.
C’est tout pour cette semaine! Restez hydraté.e.s! xoxo
shotgun une place dans le cottage!