Douceur radicale: l'art de jouer
Entrevue avec l'illustratrice Amélie Grenier + mini Jeudi J'aime
Rien ne me rend plus heureuse que de voir les gens s’aménager un espace dans leur vie pour cultiver leur créativité. C’est ce que j’ai fait en créant ce magazine, mais c’est aussi une des missions de Denise: vous montrer le plus d’initatives possible, pour vous inspirer vous aussi à mener une vie plus créative.
C’est pourquoi je suis super excitée de vous parler de l’exposition de mon amie Amélie, Douceur radicale, dont le vernissage aura lieu demain à la Galerie Parfois. Amélie et moi on a d’abord été collègues dans l’industrie des médias, mais les âmes douces savent se reconnaître entre elles et je suis avec délice depuis quelques années l’évolution de son travail artistique, entre autres sur Instagram.
Sa démarche créative consiste essentiellement à suivre sa curiosité et se laisser émerveiller par cette exploration. Son exposition est une véritable invitation à (re)trouver notre sens du jeu et de la joie. Et dans un monde où la peur prend de plus en plus de place, rien n’est plus courageux et radical que de savoir rester curieux envers nous-même et le monde qui nous entoure.
Je me suis entretenue avec Amélie pour discuter de tout ça.
Denise
Peux-tu me parler de l’évolution de ta démarche artistique?
Amélie
Depuis que je suis toute petite j'ai toujours dessiné. Chez nous on avait une salle de jeu et ma mère avait acheté des grandes feuilles de papier qu'elle collait sur les murs pour qu'on dessine dessus. [Le dessin] a toujours été un univers où j'avais de la facilité, où je me sentais bien. Et quand j'étais petite, les gens étaient pas énormément fans de moi. J'étais gênée, j'étais un peu plus grande et un peu plus grosse que les autres. Il n'y avait pas grand monde qui voulait être mon ami. Mais quand je faisais des dessins, tout le monde voulait m'en parler, tout le monde voulait m'avoir comme amie. C'était une façon pour moi de m'exprimer.
Denise
Et connecter aussi?
Amélie
Oui! C'était mon espace pour m'exprimer, pour être moi-même. Plus tard, dans ma carrière dans les médias, je m'intéressais au travail des illustrateurs et illustratrices et des designers. Je regardait tout ce qui se faisait et je me disais «C'est extraordinaire, mais je ne peux pas faire ça, moi». Mais un jour un des designer m'a dit que je n'étais pas obligée d'avoir une formation, que je pouvais apprendre en me basant sur le style d'artistes que j'aimais.
Puis, j'ai fait un burn out et pendant six mois, j'ai créé des portraits parce qu'avec le peu d'énergie que j'avais, c'était la seule chose que je trouvais relaxante, parce que tout ce que je faisais, c'était retracer des visages. Au début je le faisais pour moi-même, mais la réaction de mon entourage a été beaucoup plus grande que ce à quoi je m'attendais. J'ai aussi réalisé que je pouvais trouver un équilibre entre ma job et ma pratique.
Denise
La partie Keep Smiling dans l'expo, est-ce que c'est une façon pour toi d'apprivoiser des émotions plus négatives?
Amélie
Oui! Au départ je faisais des illustrations pour me sentir mieux et exprimer les émotions que je vivais. Mais j'ai vraiment de la difficulté à exprimer des émotions négatives. Donc à travers ça, les autres peuvent voir mes émotions mais ça me dérange moins de cette façon-là.
Denise
Un des thèmes de ton exposition, la paréidolie (processus survenant sous l'effet de stimuli visuels ou auditifs, portant à reconnaître une forme familière dans un paysage, un nuage, de la fumée, une tache d'encre, etc.) m’a interpellée, parce que je trouve que c’est une belle façon d’apprendre à être dans le moment présent, à aiguiser notre regard pour trouver de la beauté dans le banal.
Amélie
Je l’ai toujours fait, et je ne m’en rend souvent pas compte. Quand je marche dehors, quand je vois des taches d’huile qui font des arc-en-ciel sur le sol. Dès que quelque chose de beau ou de différent entre dans mon champ de vision, le reste arrête. Maintenant je comprends aussi que c’est le TDAH! Mais je pense que les gens gagneraient à s’entraîner à faire ça, parce que ça détend beaucoup! Par exemple, les personnages imaginaires que j’ai fait, j’ai commencé par des taches. Sur le coup je me disais «Ok, qu’est-ce qu’il y a là-dedans?» et il y a quelque chose d’excitant et de fun à découvrir un personnage à travers une tache. Et quand je le fais, ça m’apporte beaucoup de joie.
Denise
Je remarque que les couleurs douces et les couleurs vibrantes cohabitent dans tes oeuvres et on y voit rarement des couleurs ternes. est-ce que c’est un choix conscient?
Amélie
En ce moment je fais beaucoup de choses de façon expérimentale et où je me laisse vraiment aller dans l’exploration. Mais je pense que ça me vient des jouets des années 80-90. Tu sais, les Polly Pocket, les Barbies, les t-shirts Vuarnet. Je pense qu’on est une génération qui a eu accès à beaucoup de jouets dans notre enfance. Mon côté jouet est toujours là (sur mon bureau devant moi en ce moment il y a des Barbies). Je trouve ça plate qu’en tant qu’adultes, on n’ait plus le droit d’avoir des jouets pour jouer. Et je me demande ce qu’il s’est passé, est-ce qu’on a «désappris» à jouer? Peut-être qu’on transpose nos jeux d’une autre façon. Quand on est plus petit nos jouets c’est notre univers et quand on est plus grand notre univers s’agrandit et on consacre plus de temps dans nos relations, on a moins besoin des jouets comme support pour explorer. Mais je comprends pas pourquoi un adulte ne pourrait pas être entouré de jouets, de bébelles. En tout cas moi ça me stimule.
Denise
Je ne veux pas nécessairement te demander ce que tu souhaites que les gens retirent de ton exposition, mais mettons, toi, qu’est-ce que tu retires de cette exposition?
Amélie
C’est sûr que ça m’a permis d’apprendre à mieux me connaître. Mais mon chum a remarqué quelque chose que je n’avais pas vu: c’est que je me suis donné beaucoup de liberté dans ce processus et j’aimerais que ça inspire les gens à s’accorder ce genre de liberté créative. De juste faire des choses, sans s’attendre à ce que soit extraordinaire, juste de le faire parce que ça rend heureux. Et peut-être qu’eux aussi, comme moi, y trouveront un moyen de connecter avec les autres.
DOUCEUR RADICALE
Amélie Grenier
Vernissage le 9 juin
Exposition 10-11 juin 13h à 17h
Galerie Parfois
4064 boulevard St-Laurent
Mini Jeudi J’aime
Comique soviétique
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C’est quoi le thé?
Je suis beaucoup trop distraite pour utiliser une théière «analogue», mais je garderais celle-ci sur mon poêle juste pour décorer.
The gift that keeps on giving
Mon étrange fixation sur le rouge tomate-bleu ciel se poursuit et je ne m’en plains pas!
Kylie prend ça lentement
Je sais qu’elle vient de lancer son hypnotisant single Padam Padam juste à temps pour le mois de la Fierté et non, ce n’est pas un cover d’Édith Piaf, mais c’est pourtant un air qui m’obsède jour et nuit.
Mais j’aimerais vous inviter à revisiter le vidéoclip de sa chanson Slow, lancé il y a 20 ans cette année, et que j’ai toujours adoré. Les couleurs, le rythme, la composition, la chorégraphie: tout est parfait. Et la chanson est toujours aussi chaude. À mettre sur votre playliste Hot Girl Summer (meme si vous êtes pas une fille).
Mon petit doigt vous le dit
Anxieuse chronique, je ronge mes ongles depuis toujours et la seule façon pour moi de ne pas le faire, c’est de les recouvrir de vernis gel. Ça me donne aussi une occasion de pratiquer un petit self-care doux une fois par mois. Je n’ai pas un gros budget, alors je me contente de couleurs unies, mais je les choisis toujours vibrantes. Je vous ai préparé un tableau Pinterest de mes inspirations du moment, si ça vous intéresse!
New York cowboy
J’aime vraiment beaucoup la vibe du chanteur brooklynois Dougie Poole, surtout son album Rainbow Wheel of Death, sorti ce printemps.
C’est tout pour cette semaine! Prenez soin de vous! xx
Notes de frigo
Je me cherche un emploi! À temps plein! Voici le genre de poste qui m’intéresse:
Rédactrice / chroniqueuse
Rédactrice en chef
Cheffe de pupitre
Éditrice
Chargée de contenu
Stratège au contenu
Curatrice de contenu
Direction créative
Production au contenu
Développement de contenu
Programmation (événementiel)
Si ça vous chante, n’hésitez pas à me contacter si vous voyez passer une opportunité dans ces cordes!
audreypm@denisemagazine.com
Merci d’avance!